L'EPOQUE FEODALE

17/11/2021
L'EPOQUE FEODALE

L'EPOQUE FEODALE

Cette dernière a laissé sur notre pays une forte empreinte. Des châteaux s'érigent un peu partout et de nouvelles coutumes s'établissent, régissant les règles de conduite entre personnes. les seigneurs ne sont pas égaux entre eux. Par l'investiture, le suzerain plus puissant attribue au vassal une terre appelée "fief". Ce dernier doit prêter à son suzerain l'hommage et le serment de fidélité.

Au XI et XIIème siècle, notre pays se morcelle en grands domaines féodaux: la vicomté d'Aubusson, celle de Bridiers autour de La Souterraine, la seigneurie de Chambon ou baronnie de Combrailles, et le comté de la Marche.

Jusqu'à Louis IX (Saint-Louis), la féodalité marchoise, jalouse de son indépendance, lutta souvent contre la royauté. Hugues X de Lusignan, comte de la Marche se révolta contre Saint-Louis, s'alliant avec le roi d'Angleterre. Hugues fut vaincu à Taillebourg en 1242 et Saint-Louis envahit la Marche. Lors du démembrement de cette province, Guy de Lusignan se vit attribuer une partie comprenant Peyrat et Nedde, Bourganeuf, Pontarion et Royère. Le nouveau possesseur de ces fiefs et ses successeurs prirent le nom de baron de Peyrat et comme tels portèrent leurs hommages à Alphonse, comte de Poitiers, de sorte que leurs possessions formèrent une enclave poitevine, selon le droit féodal. D'après Leroux dans sa Géographie Historique du Limousin, cette seigneurie de Peyrat-Bourganeuf fut annexée au Comté de Poitou vers 1260, alors que la Vicomté d'Aubusson étaient réunie au Comté de la Marche en cette même année.

Ainsi la paroisse de Saint-Dizier devenait poitevine.

De grandes familles se partageaient la région et furent longtemps en lutte contre le pouvoir royal. Ils n'hésitaient pas à guerroyer souvent les uns contre les autres, essayant de ruiner la propriété de leur ennemi, procédant méthodiquement au pillage des villages, incendiant les récoltes et les forêts, massacrant les laboureurs. Les barons de Peyrat dominaient Bourganeuf et les Brachet seigneurs de Châtelus contrôlaient à Peyrusse les passages du Thaurion et étendaient leur autorité sur Saint-Dizier. Le baron de Peyrusse était célébre pour ses actes de brigandage, pillant et rançonnant les villes alentours.

Géraud de Peyrusse fut emprisonné à Salagnac (Grand-Bourg). A l’occasion de sa mort, sa famille fait des dons importants à l’abbaye de Bénévent : “ Après la mort le petit peuple souffrait de ces querelles incessantes. Les paysans appelés serfs, vilains ou manants étaient malheureux. Moyennant une maigre part, ils cultivaient les terres du seigneur et étaient astreints à une foule de redevances en argent ou en nature. Ils devaient également des corvées ou "services de corps", d'arban ou de vinade. L'arban consistait en une journée de travail par semaine et la vinade des journées de charroi pour aller à l'automne chercher au vignoble le vin du seigneur.

Pour diminuer les maux causés par ces guerres privées, l'Eglise imagina la Trêve de Dieu pour rendre les seigneurs moins cruels, et plus dévoués à la cause des croisades, elle institua la Chevalerie que le Roi s'empressa de favoriser, trouvant dans cette institution un moyen supplémentaire d'asseoir son autorité et la fidélité de ses vassaux.

Notre province a fourni de nombreux chevaliers, les Templiers et les Hospitaliers de Saint Jean appelés plus tard, chevaliers de Malte.

Souvent attribuée à l'ordre du Temple, la création de Bourganeuf au XII° siècle, doit sans conteste être reconnue comme l'oeuvre des Hospitaliers de Saint Jean.

D'abord une "Maison" est construite, destinée à héberger les pèlerins et voyageurs, sur l'antique route qui reliait l'Est et l'Ouest de l'ancienne Gaule, conformément aux premiers buts de l'Ordre, créé à des fins hospitalière, assurant en outre une sorte de police de la route, protégeant en ces temps troublés pélerins et marchands. Des paysans puis des commerçants se groupèrent autour de cette "Maison" créant ainsi un nouveau bourg : "Burgum Novum", "Bourguet-Neuf", "Burguettenou" selon les termes apparaissant dans les contrats de l'époque.

La nouvelle ville grandit peu à peu, atteignant son apogée aux XIV° et XV° siècles. L'arrivée à la tête de l'Ordre de représentants des grandes familles de la région et l'importance de Bourganeuf lui valurent d'être choisi comme chef lieu de la "Langue d'Auvergne".

Territorialement, elle regroupait l'Auvergne, la Marche, le Limousin, le Velay, le Berry, le Forez, le Bourbonnais, le Lyonnais, le Bugey et la Savoie. René Boudard, dans son ouvrage "Bourganeuf au fil des âges", situe à partir de 1417, la date de cette importante promotion. Jean de Lastic fit ajouter à l'édifice primitif la grosse tour qui porte encore son nom. Pierre d'Aubusson qui était né au Monteil au Vicomte fit restaurer le choeur de l'église. Son neveu Guy de Blanchefort fit construire la tour de Djem dite Zizim pour accueillir le fils de Mohamet II qui avait trouvé refuge après du grand maître Pierre d'Aubusson. Bourganeuf devait ainsi rester le chef lieu du Grand Prieuré d'Auvergne jusqu'en 1787 peu de temps avant la suppression de l'Ordre en France.

Les chevaliers sont des grands seigneurs puissants et possèdent de nombreux biens dans la région.

Parmi les dépendances directes, l'Ordre possédait des métairies affermées par bail perpétuel dont une située dans notre paroisse à Bostdeville. Le Commandeur percevait la moitié des récoltes "de grain" à l'exclusion de toute autre dîme ou rente et il exerçait sur elle le fameux droit de "haute, moyenne et basse" justice.

Par ailleurs, le Commandeur, seigneur temporel possédait des droits féodaux sur un nombre important de "membres", villages ou hameaux de Saint Dizier.

Le membre de Pommier comprenait avec le village de ce nom ceux de Bellefaye, Jalinoux, Montarichard, Pommerol, La Valette, Le Masbeau, Le Montabarot.

Pommier payait le cens et la rente féodale : 58 setiers de seigle, 7 de froment, 24 d'avoine, 6 livres 16 sols 6 deniers et 16 gélines, avec la dîme des grains et la corvée de vin "avant la fête de la Saint Martin d'hyver".

Outre le cens et la rente, Bellefaye doit également fournir les boeufs nécessaires pour aller "quérir les meules qu'il conviendra pour les moulins banaux à froment du Commandeur". A l'occasion de cette corvée, le Commandeur donne aux bouviers trois tourtes et neuf pains blancs.

Jalinoux versait la rente et le cens. les fermiers doivent là aussi conduire les meules aux moulins banaux. Le Commandeur déduisait un setier de seigle par meule de froment. Le village était également assujetti à la corvée de vinade ainsi qu'à divers arbans.

Le Montarichard devait aussi le cens et la rente. Le Commandeur se partageait la dîme des grains avec le Seigneur de Peyrusse et les fermiers étaient également tenus "d'aller quérir, conduire, mener et charrier les meules nécessaires aux moulins banaux, moyennant quoi ils étaient exemptés des autres arbans".

Pommerolles payait une rente assez importante ainsi que le cens : 28 setiers de seigle, 1 de froment, 9 d'avoine, 49 sols 4 deniers et 4 gélines. le village devait la corvée de vinade et deux arbans : l'un pour faucher et l'autre pour mener du bois.

La Valette payait cens et rente, devait la corvée de vinade et les arbans ordinaires.

Le Masbeau versait annuellement pour le cens et la rente : 43 setiers de seigle et 2 de froment, 14 setiers d'avoine, 4 livres 3 sols 8 deniers et 9 gélines. Le Commandeur prélève également la dîme des grains, à l'exception de "celle des jardins" pour laquelle les fermiers payaient la rente en froment et avoine. Ils devaient la corvée de vinade et les arbans ordinaires. Ce village était un des plus riche de la Commanderie ; situé à une lieue de Saint Dizier, au centre d'une sorte de petite région naturelle toujours riche en céréales.

Le Montabarot, avec le cens et la rente, devait certains arbans dont l'un "pour amener du bois pour la Souche de Noël"